La thérapie psychocorporelle

 

La psychothérapie répond en premier lieu aux besoins d'une personne de chercher de l'aide en allant voir "quelqu'un" qui ne soit ni médecin, ni prêtre, ni guérisseur. Quelqu'un qui sache accueillir sans conseiller ni juger, et qui lui permette de décharger le trop plein de souffrance et de se libérer de ce qui pèse;  pouvoir le dire avec des mots, mais aussi  exprimer des sentiments, des émotions, les douleurs qui vont avec. C'est un temps pour soi, pour se mettre face à ce qui ne va pas dans sa vie et ce qu'on ne peut exprimer à personne. Donner du sens à ce qui se passe et apprendre aussi à s’accueillir tel que l'on est.

Les plaies de la psyché sont comme les plaies du corps. Imaginez que vous tombiez et que vous ayez une grosse plaie par exemple à la jambe. Si vous ne la nettoyez pas et si vous mettez directement un gros pansement dessus pour la cacher, la plaie va s'infecter puis couler.

Alors vous allez peut être remettre un autre pansement dessus puis un autre etc ce qui va former une sorte de carapace de pansements autour de cette plaie. Mais l'infection va continuer son chemin et risque de se transformer en septicémie et tout l'organisme sera alors en danger. Il faudra alors enlever les couches de pansements pour découvrir la plaie, la vider, la drainer, la nettoyer pour permettre aux chairs de bourgeonner et à la plaie de se refermer. La cicatrice sera toujours là, mais si elle est bien fermée elle ne s'ouvrira pas au premier choc.

Il en va de même pour les cicatrices de notre psyché sauf que bien souvent elles sont bien cachées au fond de nous et que nous avons appris à vivre avec... Jusqu'au jour où un choc, un deuil, une séparation, la mort d'un animal, la perte d'un travail, la maladie... arrivent et viennent rouvrir d'anciennes plaies qui n'ont jamais été vidées et la souffrance psychique devient insupportable, la personne subit sa vie.

La thérapie psycho corporelle pourra alors aider la personne à nettoyer ses plaies, j'aime à imaginer que les larmes servent à cela, comme un sérum qui laverait nos blessures ... A accueillir aussi : la colère, la rage, la honte et bien d'autres émotions qui n'ont jamais pu s'exprimer.

La carapace se forme au fur et à mesure que nous vivons des traumatismes et que nous n'avons pas la capacité de bouger avec ce qui se passe.
Par exemple lorsqu'un enfant tombe et se fait mal, il hurle un grand coup, il lâche ses émotions et libère son corps et sa psyché puis il repart dans son jeu. Au fur et à mesure de la vie, bien souvent nous allons être bridés dans l'expression de nos souffrances. Pas le droit de pleurer, d'être en colère, en rage et nous allons apprendre à encaisser sans rien dire. Ces émotions non exprimées vont durcir notre corps et notre psyché jusqu'à forger une carapace comme une armure de chevalier dans laquelle il ne sera plus possible de bouger au bout d'un certain temps.

Je travaille sur cette cuirasse  pour l'assouplir ; il ne s'agit pas de la briser car elle permet à la personne de tenir debout... La cuirasse protège de la souffrance et elle empêche aussi le plaisir...

Permettre aux émotions de sortir de celle ci c'est permettre en même temps la libération de  la psyché car les deux sont intimement liés.
Le corps et la tête ne peuvent être dissociés. C'est le concept du body mind utilisé en thérapie psycho-corporelle.

Chaque séance est finalement une sorte de prise de risque où chacun va avancer avec confiance dans l’attention de ce qui peut émerger du fond. Cela demande au thérapeute d’être présent à lui-même et d’être dans un ajustement créatif.

Dans la Grèce Antique, les thérapeutes étaient ceux qui étaient au service des Dieux. Psycho vient du grec psukhé qui veut dire énergie vitale. Le psychothérapeute est celui qui aide une personne à entretenir son souffle vital ; il n’est pas là pour le guérir mais il est à son service pour l’aider à retrouver sa beauté intérieure et à développer la meilleur version de lui même au monde.

Le psychopraticien n’est pas muré dans son silence, il manifeste son empathie et  parfois ses ressentis et résonances quand celles-ci peuvent être utiles à la thérapie ; c’est un partenariat avec une implication contrôlée.

C’est ce qui se passe à la frontière contact entre le thérapeute et son consultant qui constitue le cœur même de la thérapie. Un espace de relation où le patient peut parler librement de lui, sentir qu’il peut parfois nommer l’innommable, ce qu’il n’a jamais osé partager, car il sent un espace de sécurité où règne le secret professionnel face à une personne neutre par rapport à son histoire.

 

Le thérapeute est là pour accompagner son consultant comme un guide spéléologue qui l’amènerait à explorer ses profondeurs en respectant le rythme et le chemin qu’il désire prendre. Il accompagne aussi son client dans ses zones de frustration, n’accepte pas toutes les demandes de son client, pose un cadre et des limites comme le ferait parfois un parent ; il peut être maternant à certains moments mais aussi paternant et poseur de limites quand cela est nécessaire.

La thérapie est une auto transformation qui demande la présence de quelqu’un d’autre, d’un passeur. La fin de la thérapie arrive lorsque le consultant peut dire qu’il est désormais son propre thérapeute, ce qui est différent de dire «  je ne souffre plus ».

C’est aussi remplacer le besoin par l’envie qui marque la fin d’un accompagnement thérapeutique. Se sentir de nouveau en vie...

Il ne s’agit pas d’instaurer une relation de dépendance entre le thérapeute et son client, mais de l’amener à son autonomie, à son individuation.

Jung emploie l'expression d'individuation pour désigner le processus par lequel un être devient un in-dividu psychologique, c'est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité.

 

"Sans émotions il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l'apathie en mouvement" - Carl Gustav Jung "Conscience"